MERCREDI 3 décembre, 2014
10_ PLEUREZ, HURLER !

 

Repus et satisfaits
(pour l’instant)


« Vous avez eu sur terre une vie de confort et de luxe, vous vous êtes repus au jour du carnage » (Jc 5.5, TOB; comparer avec Ez 16.49, Am 4.1).

Qu’associent ces passages au confort luxueux?

Dans le monde antique tous pensaient qu’il y avait une quantité fixée de richesse, c’est-à-dire que si la richesse de quelqu’un augmentait, la richesse des autres devait diminuer. Autrement dit, les riches ne pouvaient s’enrichir davantage qu’en appauvrissant les pauvres. « Créer » de la richesse sans affecter la richesse des autres, cependant, semble une idée relativement moderne.

Certains prétendent même que, lorsque les riches deviennent plus riches encore, ils peuvent contribuer à rendre le pauvre plus riche également. D’un autre côté, quand on considère la compétition qui fait rage dans les pays développés et en voie de développement pour se partager des ressources toujours plus rares, les limites de la création de richesses semblent plus pressantes. Le problème de l’inégalité de répartition des richesses fait ainsi toujours rage aujourd’hui.

L’une des plus célèbres histoires de Jésus parlant de questions d’inégalité est la parabole de l’homme riche et de Lazare (voir Lc 16.19-31). A l’époque de Jésus, la plupart des gens avaient de la chance d’avoir deux vêtements au lieu d’un seul et ils pouvaient s’estimer heureux quand ils faisaient la fête une fois par an. A contrario, l’homme riche de la parabole « s’habillait de pourpre et de fin lin (les vêtements les plus chers) et chaque jour il faisait la fête et menait brillante vie » (V 19). Le pauvre Lazare, bien qu’il fut installé près du porche de la maison de l’homme riche, devait mendier les quelques miettes qu’on lui donnait.

Contrairement à ce que pensent la majorité des gens, ce qui est mis en valeur dans la parabole est cette vie présente, et non la vie après la mort. En fait, l’original en grec ne mentionne même par le « paradis » et « l’enfer ». L’homme riche et le pauvre Lazare sont décrits comme vivant au même endroit (V 23) la tombe (hades). Le gouffre qui les sépare symbolise le fait qu’après sa mort, la destinée éternelle d’une personne est fixée. Par conséquent, la manière dont nous traitons les gens dans cette vie-ci (selon « Moise et les prophètes », versets 29 et 31) est extrêmement importante. Il n’y aura par de vie future dans laquelle nous pourrons rattraper ce que nous n’avons pas fait dans cette vie-ci : « celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne peut aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (1 Jn 4.20)

Qu’avez-vous fait qui vous laisse des regrets, et que vous pouvez « rattraper » maintenant mais que vous ne pouvez pas rattraper plus tard ?