Rien n'est pire pour la compréhension de l'expiation
du Christ que la sentimentalité qui passe parfois
pour du christianisme à notre époque (et cela,
pour essayer de rendre l'Évangile conforme à
la pensée actuelle). Cependant, nous devons reconnaître
humblement que tout ce que l'on dira sur Dieu ne peut lui
rendre justice, notamment quand on évoque la rédemption.
Il est nécessaire d'éviter la tentation de
réduire la mort de Jésus sur la croix uniquement
à un « exemple d'amour désintéressé
». Ce l'était certainement, mais étant
donné notre condition pécheresse, il aurait
fallu bien davantage qu'un « exemple d'amour désintéressé
» pour nous racheter. Au lieu de cela, il a fallu
que Dieu prenne sur lui la pleine mesure de sa propre colère
contre le péché.
Sur
la croix, Jésus s'est écrié: «
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? »
(Mt
27.46). Comment comprendre ce cri? Que voulait dire
Jésus et en quoi ce cri étonnant nous aide-t-il
à comprendre ce qu'a coûté notre délivrance
du péché ?
«
Le Seigneur de gloire allait mourir pour la rançon
de l'humanité […] Le Christ s'est substitué
à nous, il a porté l'iniquité de tous.
Il a été mis au nombre des transgresseurs,
afin de pouvoir nous racheter de la condamnation de la loi
[. . .] Le Sauveur ne voyait pas au-delà de la tombe
[...] Sachant que le péché est odieux à
la divinité, il redoutait que la séparation
ne fût éternelle [...] Le sentiment du péché,
qui faisait reposer la colère du Père sur
lui en tant que substitut de l'homme, voilà ce qui
rendit sa coupe si amère, ce qui brisa le cœur
du Fils de Dieu. » - Ellen WHITE, Jésus-Christ,
« Le Calvaire », p. 756, 757.
Jésus
adressait sa prière à « Dieu »
et non au « Père » comme il l'avait toujours
fait. Le cri du Christ sur la croix n'est pas quelque démonstration
exemplaire de la souffrance subie pour nous montrer combien
il nous aime. Non, il s'agit de Dieu lui-même s'offrant
à la mort, pour que celle-ci ne détermine
pas notre destin. Il s'agit de Dieu lui-même mourant
de la mort qui nous est épargnée, mort qui
nous atteindrait tous à cause du péché.
Trois
évangiles rapportent que Jésus a poussé,
sur la croix, un cri « d'une voix forte »
(Mt 27.50, Segond révisée à la Colombe)
au moment de sa mort. Ces grands cris sont même rapportés
dans l'épître aux Hébreux: « Aux
jours de sa chair il a offert, à grands cris et dans
les larmes, des prières et des supplications à
celui qui pouvait le sauver de la mort » (He
5.7). Le cri que Jésus a poussé en se croyant
abandonné est le plus perçant de la Bible.
Aucune déclaration, dans tous les évangiles,
ne parle d'un cri semblable à celui de Jésus
sur la croix. Ce cri nous donne un aperçu de ce que
le Seigneur lui-même était disposé à
traverser pour nous offrir le salut.