Mercredi 14 Décembre, 2011
13_ L’Évangile et l’Église

« La loi du Christ »

(Ga 6.2-5)


Paul faisait le lien entre le fait de partager ses fardeaux et l’accomplissement de la loi du Christ. Que veut-il dire par « la loi du Christ »? Ga 5.14; 6.2; Jn 13.34; Mt 22.34-40.

Paul n’utilise l’expression « la loi du Christ » (ton nomon tou Christou) nulle part ailleurs dans la Bible, même s’il en utilise une semblable dans 1 Co 9.21 (ennomos Christou). Le caractère isolé de cette expression a suscité un certain nombre d’interprétations. Certains avancent à tort qu’elle prouve que la loi de Dieu donnée au Sinaï a été remplacée par une loi différente, la loi du Christ. D’autres prétendent que le mot loi désigne simplement un « principe » d’ordre général (voir Rm 7.21), impliquant qu’en portant les fardeaux d’autrui, on suit l’exemple de Jésus. Si cette dernière interprétation ne manque pas d’intérêt, le contexte et la terminologie semblables à ceux de Ga 5.14 suggèrent qu’« accomplir la loi » revient à accomplir la loi mosaïque par le biais de l’amour. Paul a montré précédemment dans sa lettre que la loi morale n’a pas été abolie à la venue du Christ. Au contraire, la loi morale, interprétée avec amour, continue de jouer un rôle important dans la vie chrétienne. C’est cela même qu’enseignait Jésus durant son ministère terrestre et qu’il a pratiqué tout au long de sa vie et même à sa mort. En portant les fardeaux d’autrui, non seulement nous suivons les pas de Jésus, mais nous accomplissons la loi.

Ces versets soulèvent une autre question la contradiction apparente entre Ga 6.2 et 6.5. Cette question, cependant, est facilement résolue quand on réalise que Paul utilise deux termes différents pour décrire deux situations différentes. Comme nous l’avons déjà vu, le mot traduit par « fardeaux » au verset 2 (baros) se réfère à une lourde charge devant être transportée sur une longue distance. Le mot (phortion), au verset 5, quant à lui, se réfère à la cargaison d’un navire, au paquetage d’un soldat ou même à l’enfant dans le ventre de sa mère. Alors que les premiers fardeaux peuvent être mis de côté, il n’en va pas de même pour les seconds. Une mère enceinte est obligée de porter son enfant. Comme le suggère cet exemple, il existe des fardeaux qu’on peut nous aider à porter, et d’autres que personne ne peut partager avec nous, comme le poids d’une conscience coupable, la souffrance et la mort. Pour ces derniers, on ne peut s’appuyer que sur Dieu seul (Mt 11.28-30).

S’il est possible de recevoir l’aide d’autrui pour certains fardeaux, d’autres ne peuvent être confiés qu’au Seigneur. Comment apprendre à donner au Seigneur ce que vous-même ne parvenez plus à porter ?