PARDON ET ESTIME DE SOI, première partie (Lc
5. 1-11)
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De tous les auteurs des évangiles, Luc semble être celui qui s'est
le plus intéressé à la façon dont Jésus se comportait envers les
" pécheurs " de la société juive et envers les êtres qui avaient
d'eux-mêmes une image si négative qu'ils se méprisaient. Non seulement
ils étaient rejetés, traités comme des parias par les hommes religieux
et la société, mais ils devaient souvent affronter de multiples
messages verbaux et non verbaux qui leur donnaient l'impression
d'être d'autant plus impurs et indignes. Ce groupe comportait des
paysans qui n'observaient pas la loi dans tous ses détails, comme
Simon Pierre, le pêcheur.
En gardant ce contexte à l'esprit, lisez Lc
5.1-11. Jésus est monté dans la barque de Pierre et prêche à
la foule. Quand il a terminé de parler, il ordonne à Pierre de jeter
les filets dans l'eau. Bien que ce dernier exprime des doutes quant
au fait de ramener du poisson, il semble être suffisamment impressionné
par Jésus pour lui obéir. Nous con-naissons la suite de l'histoire.
Lisez Lc
5.8. Pierre dit à Jésus : << Éloigne-toi de moi Parce que
Je suis un homme pécheur >> Est-ce que ce n'est pas précisément
parce que nous sommes pécheurs que nous voulons Jésus auprès de
nous? Que révèlent ces mots sur l'ignorance de Pierre (quoique tout
à fait compréhensible pour l'époque) con-cernant la mission du Christ?
(Comparez le Pierre de cet épisode avec l'auteur de 1
P 1.18,19.)
Il est intéressant de constater, d'après le récit de Luc, que lorsque
Pierre a reconnu sa condition de pécheur, Jésus ne lui a pas déclaré
que ses péchés étaient pardonnés. Il lui a dit : << Sois sans
crainte; désormais tu seras pê- cheur d'hommes. >> (Lc
8.10) En d'autres termes, la première chose que fait Jésus,
c'est d'informer Pierre de la mission qui sera la sienne. Peut-être
que le Seigneur, connaissant le manque d'estime de soi de Pierre,
lui a immédia-tement parlé de cette tâche importante afin de l'aider
à comprendre que tout pécheur qu'il était, non seulement le Christ
l'acceptait, mais il lui faisait suffisamment confiance pour lui
demander cela.
Ainsi, le pardon de Dieu a pour conséquence de nous apprendre le
respect de nous-même, étant donné que nous sommes ses enfants, et
de nous donner l'estime de soi, par sa grâce. Il est certain que
Pierre était pécheur et le sa-vait. Cependant, imaginez quel effet
a dû avoir sur l'image qu'il avait de lui-même le fait que le Maître
lui déclare qu'au lieu de pêcher du poisson, il œuvrerait avec lui
à gagner des âmes. Quelle promotion!
Comment trouver l'équilibre entre, d'une part, la conscience
que nous sommes pécheurs et que nous a-vons besoin de la grâce divine
et, d'autre part, le fait d'avoir une bonne estime de nous- même?
Ces deux concepts s'excluent-ils mutuellement? Peut-on les concilier?
Dans l'alternative, comment?
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