Imaginez la scène : Marie avait reçu un message de
l'ange Gabriel quelques jours auparavant il lui avait dit qu'elle serait
la mère de Jésus, le fils du Très-Haut. Elle ne
l'avait encore dit à personne, mais s'en va rendre visite à
Elisabeth, une parente plus âgée, qui attendait également
un bébé miracle. Divinement inspirée, Elisabeth
reconnait la nouvelle avant même que Marie n'ait eu l'occasion
de dire quoi que ce soit, et ensemble, elles célèbrent
les promesses et la bonté de Dieu.
Lisez Luc
1.46-55. Remarquez comment elle loue Dieu pour ce qui était
censé n'être que pour elle (parce que le Puissant a fut
pour moi de grandes choses [Lc
1.49]), et pour des choses plus générales. Pourquoi
notre louange et notre adoration envers Dieu devraient-elles inclure
des éléments à la fois personnels et généraux
?
C'est un cantique remarquable qui pourrait trouver sa place parmi
les psaumes ou dans les écrits des prophètes hébreux.
Marie déborde d'émerveillement et de gratitude envers
Dieu. Elle a de toute évidence déjà vu Dieu agir
dans sa vie, mais elle est également tout à fait consciente
des implications globales du plan de Dieu pour sa nation et pour le
genre humain.
Dans la compréhension de Marie, Dieu est non seulement puissant
et digne de louange, mais il est également miséricordieux
et semble avoir une préoccupation toute particulière
pour les humbles, les opprimés, et les pauvres. L'ange était
à peine parti après l'annonce de la bonne nouvelle de
la naissance prochaine que Marie était déjà en
train de chanter ceci : il a fait descendre les puissants de leurs
trônes, élève les humbles, rassasie de biens les
affamés, renvoyé les riches les mains vides (Lc
1.52,53). Dès le début de l'histoire de la vie de
Jésus sur terre, il est présenté comme un chef
(voir Luc
1.51), mais le chef d'un royaume d'un genre différent. Comme
de nombreux commentateurs l'ont décrit, le royaume de Dieu que
Jésus est venu inaugurer et établir devait être
un " royaume inversé " comparé à
l'ordre social habituel des royaumes de ce monde. Dans les descriptions
que nous avons du royaume de Jésus, les puissants et les riches
de ce monde sont les plus petits tandis que les pauvres et les opprimés
sont libérés, rassasiés et élevés.
Si l'église doit être une expression du royaume de
Dieu, comment s'en sort-elle dans son imitation du " royaume
inversé " décrit par Marie ? Comment peut-on
le reproduire, sans pour autant être injuste envers les riches
et les puissants, qui sont également bénéficiaires
de l'amour de Dieu ?