On
ne nous dit rien des opinions personnelles d'Abiathar ni
de sa vision politique ou religieuse. Toutes ses paroles
sont rapportées comme étant celles que Dieu
adressait à David. Mais ses actes étaient
plus parlants que ses paroles. Même si rien n'est
dit sur celles-ci, le simple fait de sa présence
est en soi une puissante déclaration.
A
l'époque de David le fils premier-né était
traditionnellement considéré comme le principal
héritier. Dans le cas d'un roi, cela signifiait que
le fils premier-né héritait du trône.
Dieu, cependant, n'est pas lié par les traditions.
En fait, au cours de l'histoire d'Israël, il a souvent
écarté les premiers pour en appeler d'autres,
parfois par décret divin, parfois par le biais des
circonstances ou le choix des hommes eux-mêmes. Voir
Gn
4.1-5 ; 21.8-12 ; 25.21-34 ; 48.8-19 ; 1S 16.6-12.
Lisez
1
R 1.1-8. Pour quelle raison Abiathar qui avait été
si loyal envers David, a-t-il agi ainsi?
Salomon
n'était pas le fils le plus âgé et,
donc, selon la tradition, ne devait pas succéder
à son père comme roi. Le fils ainé,
Amnon, avait été tué par son frère
Absalom, qui lui-même avait été tué
lors de l'échec de son coup d'Etat. Maintenant, le
quatrième fils, Adonija, pensait que le trône
lui revenait légitimement. Il s'est réuni
avec Joab et Abiathar, qui lui ont accordé leur soutien
(1
R 1.7).
Salomon
était plus jeune qu'Adonias et ses origines familiales
étaient honteuses. Sa mère n'était
autre que Bethsabée, l'ancienne femme d'Urie le Hittite,
qui avait été tué pour couvrir l'adultère
que David avait commis avec elle. Malgré tout, Salomon
était aimé de Dieu (2
S 12.24) et il était clair que celui-ci l'avait
choisi pour succéder à David (1
Ch 22.9, 10). Peut-être Abiathar se sentait-il
incapable d'affronter le scandale public que ce choix embarrassant
causerait, aussi s'est-il fié à la tradition
plutôt qu'à la volonté de Dieu.
La
tradition a quelque chose de rassurant, dans la mesure où
elle nous invite de réfléchir à propos
de la volonté de Dieu. Il est beaucoup plus facile
et plus confortable de se dire: " C'est toujours
ainsi que l'on a agi."
Nous
arrive-t-il souvent d'opposer la tradition aux directives
divines ? Mais par ailleurs, pourquoi devons-nous nous garder
de juger automatiquement certaines choses comme de simples
" traditions " en les rejetant ?