Acclamée comme lhistoire la plus merveilleuse jamais racontée
sur le pardon de Dieu, la parabole du fils prodigue (Lc
15.11-32) racontée seulement par Luc, pourrait fort bien
être renommée la parabole du père aimant et des
deux fils perdus. Un fils préfère choisir une vie hors-la-loi
dans un pays lointain, au lieu de lamour du père. Lautre
fils choisit de rester au foyer, mais ne connait pas vraiment lamour
du père ni ce que signifie avoir un frère. La parabole
peut être scindée en 7 parties, quatre qui traitent du
fils prodigue, deux du père, et une du frère ainé.
1. Donne-moi (Lc
15.12). La décision du cadet qui exige de son père
sa part de lhéritage nest pas prise sur un coup
de tête. Le péché est souvent le résultat
dun long moment passé à sattarder sur des
priorités inconvenantes. Le cadet a dû entendre ses amis
parler de pays lointains, enchanteurs et merveilleux. La vie à
la maison était trop stricte. Lamour était bien
là, mais il avait ses limites. Le pays lointain lui offrait
une vie sans limites. Le père était trop protecteur,
son amour trop envahissant. Le fils voulait la liberté, et dans
sa quête de liberté sans frein, on voit la semence de
la rébellion.
2. Pourquoi moi? (Lc
15.13-16). Le fils empoche sa part dhéritage, et se
met en route pour un pays lointain. Le pays lointain est un pays loin
de la maison du père. Dans le pays lointain, pas de regard damour,
pas de barrière protectrice de la loi, pas détreinte
de la grâce toujours présente. Cest une terre lointaine
où lon vit dans la débauche (Lc
15.13). Le terme en grec pour débauche (asotos) apparait
à trois reprises comme nom dans le Nouveau Testament : pour
livresse (Ep
5.18), la rébellion (Tite
1.6), et la débauche qui incluent les désirs, livrognerie,
les orgies, les beuveries et les idolâtries infâmes (1
P 4.3). De tels plaisirs dune vie sans Dieu finissent par
dilapider sa santé et ses biens, et bientôt il se retrouve
sans argent, sans amis, et sans nourriture. Sa vie éclatante
se termine dans le caniveau. Affamé au point dêtre
toujours dans le besoin, il trouve un emploi et soccupe des cochons,
rude destin pour un Juif.
3. Traite-moi (Lc
15.17-19). Mais même le fils prodigue reste un fils, avec
le pouvoir de décider de faire demi-tour. Alors le fils, rentré
en lui-même, se souvient dun endroit qui sappelle
la maison, il se souvient dune personne qui sappelle son
père, dune relation qui sappelle lamour. Il
rentre chez lui, un discours tout prêt dans la tête, quil
va faire au père : « Traite-moi. »
Autrement dit, traite-moi comme tu veux, mais laisse-moi rester à
portée de ton regard attentif, à portée de ton
amour attentionné. Quel meilleur foyer que le cur du Père?
Le monde peut donner limpression dêtre très
attirant. Quelles choses dans le monde vous tentent en particulier,
et au sujet desquelles vous vous dites : « Oh! Ce nest
pas si terrible », quand au fond de vous, vous savez que ça
lest ?